Histoire

Saint-Didier en Velay

 

La commune de Saint-Didier est mentionnée pour la première fois au XIe siècle dans le cartulaire de Chamalières-sur-Loire, sous l'appellation : « Parochia castri de S. Desiderio ». Cette appellation souligne le lien important qui existe dès l'origine entre l'église et le château local.

 

Les recherches archéologiques réalisées sur la commune démontrent que l'espace connaît une occupation ancienne dès les temps préhistoriques et qu'une petite occupation existe à l'époque gallo-romaine.

 

Notre région fût occupée par un peuplement néolithique, en témoignent les deux champs de mégalithes, les trouvailles de haches en pierre polie, le site de Beaumat et les mines d’extraction. Il semblerait que les toponymes Brahmard et Champdolent concernent des événements de cette même période.

 

La forêt de Brahmard tient son nom du celte Bram qui veut dire le cri, utilisé encore de nos jours dans l’occitan dans la même signification, bramo : crier. La tradition locale rapporte qu’une bataille glorieuse eut lieu dans ce bois contre des légionnaires romains, les cris de victoire qui ont dû s’entendre de très loin pour fêter la victoire donnèrent le nom au bois. Les gaulois avaient l’avantage de connaître le terrain humide et marécageux…Champ dolent : le champ de la douleur est, dans Brahmard, une clairière parsemée de petits tumulus, sépultures des gaulois tombés au champ d’honneur.

La pierre Saint Martin doit être signalée, même si elle fait partie d’une commune voisine car elle confirme l’implantation mégalithique de notre région.

 

Lieu de culte antique, des fouilles clandestines ont fait découvrir une quantité de pièces de monnaie de différentes époques qui s’étaient pour la plupart glissées dans les interstices des rochers. Considérée comme pierre guérisseuse, on y amenait les enfants qui avaient des difficultés pour marcher pour faire le tour du monument. On remarque au sommet du bloc rocheux trois cupules : une cubique avec des trous de fixation qui était l’emplacement d’une croix et deux autres moins creuses et plus allongées qui pour la légende sont la trace du pas de Saint Martin, mais qui sont en réalité des bassins de divination. Au pied du bloc on peut encore observer un dolmen dont une partie de la couverture a été détruite, tombeau de chef.

 

Le site de Saint Didier se trouvait au carrefour de deux voies de communication importantes : la première : la via dou vi : la voie du vin qui unissait la vallée du Rhône à la vallée de la Loire au niveau du Forezelle partait de Tournon, et passait ensuite par Ste Agrève, Tence, Montfaucon. Le Mont de Saint Didier, Saint Didier, la Rullière, Firminy et le Forez ; la deuxième voie, la voie des Sucs : la voie des sommets, mettait en contact la ville romaine de Vienne et la ville vellave de Ruessio : Saint Paulien, elle traversait les villes d’Yssingeaux, Grazac, Sainte Sigolène Saint Didier Jonzieux…route, prise semble-t-il par Jules César pour rejoindre ses légions basées à Vienne dans la guerre des Gaulles. 

 

L’implantation du site de Saint Didier est le résultat d’un important carrefour entre quatre voies antiques et médiévales ; le lieu dit ’’le chatelard’’ situé derrière le calvaire était sans doute un lieu fortifié (rendu repérable grâce à un petit bois de pins) une vigie d’où le regard porte jusqu’au massif du Mezenc, à la vallée de la Loire ,aux monts du forez , le massif du Felletin. 

 

 À partir des premiers temps médiévaux, ce secteur connaît un développement significatif. À la fin du XIIe siècle, la paroisse de Saint-Didier ne semble pas rattachée, d'un point spirituel au moins, aux terres vellaves.

 

Tel n'est plus cas au XIIIe siècle. Saint-Didier devient alors le centre d'une des principales baronnies du Velay (ayant droit d'entrée aux États), et même la plus importante dans la partie orientale de ce territoire. En 1600, le duc de Montpensier la vend à Philibert de Nérestang, qui la fait ériger, avec Aurec (sa résidence) et autres terres, en marquisat de Nérestang (1619). À la mort du dernier marquis (1733), elle est vendue aux Genestet, qui en reprennent le titre.

 

Au XVIe siècle, Saint-Didier est la deuxième ville du Velay, au coude à coude avec celle voisine de Monistrol et bien avant la cité d'Yssingeaux. Elle dispose dans la seconde moitié du XVIe siècle d'un jeu de paume, signe de l'importance de la ville.

 

À partir de cette période et jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, la cité de Saint-Didier est réputée pour ses fromages vendus sur un marché spécifique une fois par semaine. Elle est aussi connue pour son carnaval.

 

Le tissage de la soie prend peu à peu le relais de l'activité de travail du cuir. Les tanneries de la Pêchoire, installées au Moyen Age fonctionnent jusqu'au XIXe siècle.

 

Au cours de la Convention nationale (1792-1795), la commune, alors appelée Saint-Didier-la-Séauve, porte provisoirement le nom de Mont-Franc.

 

En 1865, une portion du territoire communal a été cédée pour la création de Pont-Salomon, conjointement avec des contributions des communes d'Aurec-sur-Loire et de Saint-Ferréol-d'Auroure. En 1925, une autre partie du territoire communal a servi à la création de la commune de La Séauve-sur-Semène.

 

 

L'Histoire et les petites histoires...

Le troubadour Guilhem de Saint-Didier et Bélissende de Polignac ont connu un amour aussi fort qu’interdit. Et leur histoire a traversé les siècles…

 

Nous sommes en 1170. De sa forteresse, Héracle III, vicomte de Polignac, domine la région. Ce soir-là, il scande les vers d'un poème qu'il a appris pour faire plaisir à sa femme, Bélissende. Nous sommes en plein Moyen-Âge, l'amour courtois est à son apogée. Mais aussi en plein système féodal : le mariage entre Héracle III et la vicomtesse, que l'on surnomme aussi « Marquise » n'est pas un mariage d'amour mais un arrangement entre seigneuries.

 

 

Bélissende est de la famille (fille ou sœur selon les sources) du dauphin d'Auvergne, comte de Clermont. Quoi qu'il en soit, une chanson de Guilhem, voilà qui est du meilleur effet à la cour de Polignac. Le troubadour est déjà célèbre à son époque. Baron de Saint-Didier et de la Séauve, on le décrit comme très cultivé, gracieux et possédant une belle voix.

 

Guilhem de Saint-Didier, régulièrement invité à Polignac, tombe sous le charme de Bélissende et lui compose une chanson d'amour. Sauf que la belle est catégorique : « Si mon mari ne me l'ordonne point et ne m'en prie, je ne vous prendrai ni pour mon chevalier ni pour mon serviteur. » Façon très élégante de repousser un prétendant…

 

Mais Guilhem la prend au mot et imagine un stratagème. Il compose un nouveau poème d'amour et le fait apprendre au vicomte. En entendant ces douces paroles, Bélissende comprend que les mots de la bouche de son mari viennent du cœur de son futur amant. Et cède… Tout puissant qu'il soit, Héracle ne voit pas qu'entre sa femme et le troubadour, naît une véritable histoire d'amour.

 

Un seul homme est au courant de l'infidélité de la Marquise. Hugues (ou Hugo) Mareschal est un gentilhomme d'Aurec-sur-Loire, meilleur ami de Guilhem et proche du vicomte. Il est le complice et le confident du couple illégitime. Pour ne pas éveiller les soupçons, les chansons et poèmes composés par Guilhem comportent des messages secrets. Toutes ses déclarations sont faites à "Bertran"… Or, tous les trois se surnomment entre eux Bertran. Une confusion entretenue pour ne pas éveiller les soupçons du vicomte. Cela fonctionnera pendant dix ans, mais voilà, les histoires d'amour finissent mal en général.

 

Guilhem est demandé par un seigneur à Vienne et tombe amoureux d'une autre. Bélissende, trahie et folle de jalousie, entend bien faire payer cet outrage au troubadour. Elle se rend donc à Saint-Didier, et en l'absence de Guilhem, couche avec Hugues Maréschal - qui n'attendait que ça - sous le propre toit du maître des lieux, et dans son lit. Marquise tient sa vengeance, mais n'aura pas le temps de la savourer. Car celle de son mari sera bien pire…

 

Bélissende finit enfermée dans une tour de la forteresse de Polignac. Tout est dit. « On raconte que Bélissende y a été enfermée et enchaînée. À la Révolution, quand les villageois sont entrés dans cette fameuse tour, il y avait bien une poutre et des chaînes » raconte Nicolas Bissonnier, régisseur de la forteresse de Polignac. Voila comment naît une légende…

 

Une légende, mais certainement pas un conte de fée. Personne n'est venu délivrer Bélissende de sa tour, qui y serait restée jusqu'à sa mort. On ignore également ce qu'est devenu Hugues Maréschal après ce drame. Quant à Guilhem, il fut envoyé au service du comte de Provence, poursuivre sa carrière. Lui, l'un des chantres de l'amour courtois… 

 

 

C’est dans la tour de la Géhenne que Bélissende a été enfermée par son mari après la découverte de son infidélité.  Géhenne, en ancien français, signifie enfer ou torture.

 

 

 

 

 

 

Armoirie de Guilhem de Saint-Didier